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Les plantes à huile des zones arides: un or vert pour les populations défavorisées des pays du sud
 
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 L'arbre à pétrole - Libération.fr - 7 avril 2007

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Jojoba

Jojoba


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MessageSujet: L'arbre à pétrole - Libération.fr - 7 avril 2007   L'arbre à pétrole - Libération.fr - 7 avril 2007 Icon_minitimeMar 24 Avr - 17:39

XXIe siècle. Energie
L'arbre à pétrole

http://www.liberation.fr/transversales/weekend/246087.FR.php

Les fruits du jatropha, petit arbre sauvage, regorgent d'une huile qui pourrait devenir le biocarburant des zones arides. En Inde, on y croit.
Par Pierre PRAKASH
QUOTIDIEN : samedi 7 avril 2007
Khumbalgarh (Rajasthan, Inde) envoyé spécial


«J amais je n'aurais cru que quelque chose d'utile pouvait pousser sur cette terre», lâche Kanku Bai en inspectant les arbustes verdoyants qui parsèment le terrain communal de Manavaton Ka Guja, petit hameau perdu du Rajasthan, dans l'ouest de l'Inde. L'été dernier, le conseil du village a planté des dizaines de milliers de pousses de Jatropha curcas sur ces terres arides et impropres à l'agriculture. Un arbuste bien connu dans la région, puisqu'il y pousse naturellement. «On utilise traditionnellement l'huile de ses graines comme lessive, ses feuilles pour soigner certaines maladies des troupeaux, et sa résine pour enduire les plaies et les morsures de serpent», explique Ganesh Gujjar, d'un village voisin. Les animaux ne la mangeant pas, certains la plantent autour de leurs champs pour éloigner les vaches et les chèvres, au même titre que les cactus. Les villageois ne se doutaient pas que cette plante ferait un jour rêver chimistes et écologistes...

Un candidat surprise

A l'heure où la planète cherche une alternative bon marché au pétrole, lequel risque de devenir cher et rare, le jatropha, végétal des zones arides, s'affirme comme le candidat surprise au rôle de biodiesel du futur. En Afrique subsahélienne, des industriels de la production de biocarburants, tel le britannique D1 Oils, prévoient de cultiver la plante sur des dizaines de milliers d'hectares. En Inde, elle est devenue l'objet d'un ambitieux programme de recherche national et de spéculations industrielles.
Confronté à des besoins énergétiques colossaux pour soutenir son boom économique, le pays envisage désormais la possibilité de cultiver cette plante sauvage à grande échelle. Non pas qu'elle puisse se substituer aux 55 millions de tonnes de diesel que consomme le pays chaque année, mais elle pourrait en remplacer une partie, ce qui est appréciable pour un pays où les hydrocarbures représentent un tiers des importations. «Même si le jatropha ne fournit à terme que 1 % ou 2 % de la consommation de diesel , ce serait une réussite comparable aux éoliennes ou au nucléaire», souligne Jyoti Parikh, de l'institut de recherche Irade (Integrated Research and Action for Development).
Dans ce contexte, le jatropha apparaît comme une plante susceptible de réduire la facture énergétique tout en mettant à profit les zones non cultivables et en fournissant un revenu à des millions de paysans. L'arbuste a une durée de vie de quarante à cinquante ans, et une petite taille qui facilite la récolte de ses fruits. L'huile issue de ses graines, non comestible, ne concurrence pas le secteur alimentaire, contrairement à d'autres biocarburants tels le tournesol et le colza. Et elle offre «des avantages majeurs comme carburant», estime V. Vankatesan, consultant pour le gouvernement indien sur les biocarburants. «Sa combustion est complète, avec des émissions réduites. Son indice de cétane [mesure de la qualité de l'allumage, ndlr] est excellent. Et on peut l'incorporer dans du diesel jusqu'à hauteur de 20 % sans avoir à modifier les moteurs.» De surcroît, les produits secondaires (glycérine) sont valorisables.
Enthousiaste, le gouvernement indien a annoncé dès 2005 son projet de lancer une mission nationale d'étude du jatropha qui prévoit de planter 400 000 hectares sur cinq ans ­ le temps nécessaire pour savoir si l'aventure est viable, puisque les premiers fruits n'apparaissent qu'au bout de trois ans. Si c'est le cas, le potentiel serait colossal : le pays dispose d'au moins 65 millions d'hectares de terres non cultivables disponibles pour le jatropha. D'après les projections, l'Inde pourrait diluer son diesel avec 10 % de jatropha d'ici quinze ans.

Limiter l'érosion

Le plan national n'ayant toujours pas démarré, les experts gouvernementaux restent prudents. «Il faut sélectionner une graine de qualité afin de s'assurer que les rendements seront bien au rendez-vous», insiste ainsi D. Ramakrishnaiah, chargé du projet au ministère du Développement rural. Aucune plantation adulte n'existant encore, les données sur les rendements varient de 0,5 tonne à 10 tonnes de graines par hectare... Si le gouvernement «n'encourage pas la culture commerciale du jatropha tant que sa viabilité n'a pas été établie», les industriels, eux, ont déjà commencé à sous-traiter sa culture. «Nous sommes plus que confiants dans le fait qu'il y aura rapidement une demande colossale pour le biodiesel de jatropha, tant en Inde qu'ailleurs», justifie Sarju Singh, directeur local de la firme D1 Oils, qui a monté des pépinières à travers le pays avec l'objectif de planter à terme cinq millions d'hectares... «Sur des terrains non cultivables, non irrigués, s'empresse de préciser le directeur. Nous ne concurrencerons pas les productions alimentaires.»
Plusieurs Etats fédérés n'ont pas hésité, eux aussi, à utiliser des fonds de programmes de lutte contre la pauvreté pour cultiver du jatropha sur des terrains publics. Ainsi, la plantation de Manavaton Ka Guja, au Rajasthan, avait pour but premier de donner un salaire temporaire aux villageois via un travail communautaire. «Même si ça ne marche pas, les arbres permettront de limiter l'érosion», justifie Y.P. Singh, membre d'une ONG locale qui a aidé au projet.
«Il faudrait tout de même savoir si on cherche à créer des emplois temporaires, ou s'il s'agit de lancer une activité qui a un avenir. Auquel cas il faut y mettre les moyens», rétorque Alok Adholeya, de l'institut de recherche scientifique Teri (The Energy and Resources Institute) de New Dehli. L'an dernier, Teri a signé un contrat de 9,4 millions de dollars avec British Petroleum pour planter 8 000 hectares de jatropha et les cultiver en association avec des micro-organismes qui augmentent la capacité des racines à capter l'eau et les minéraux. Les scientifiques tentent également de développer une version génétiquement modifiée du jatropha afin d'augmenter ses rendements et sa résistance à la sécheresse. Car le jatropha n'est pas une plante miracle. «Pour qu'il ait de bons rendements, souligne Alok Adholeya, il lui faut un minimum d'eau, d'engrais et de pesticides, au moins les premières années.» Obstacle imprévu, de jeunes plantations ont souffert du gel l'an dernier...
Reste enfin à mettre au point un processus de transformation qui fournisse un carburant de qualité compétitive. L'huile de jatropha, facile à extraire, doit passer par une phase «de transestérification» pour être transformée en biodiesel. Or «cette opération doit être réalisée dans des grosses usines approvisionnées en continu», souligne Amitava Banerjee de la firme allemande Lurgi, spécialisée dans la construction d'usines à biodiesel. Ces installations devraient, selon lui, recevoir au moins 200 tonnes d'huile de jatropha par jour. Un tel approvisionnement suppose de faire converger une production d'huile venue d'une large zone de culture. Hélas, l'huile de jatropha voyage mal : instable, elle doit être traitée rapidement. Si certains projets ont récemment tourné court en Afrique, c'est précisément parce que les usines étaient trop loin des plantations...

10 % de jatropha dans le diesel

Mais de nouvelles technologies pourraient régler le problème. Le CSMCRI (Central Salt and Marine Chemicals Research Institute), qui travaille avec DaimlerChrysler, affirme avoir découvert comment produire un biodiesel de qualité dans des unités de petite taille. Les chercheurs ont réussi à adapter une technique artisanale de transestérification utilisée jusqu'ici pour produire une huile bonne pour les générateurs mais pas pour les voitures. «Nos petites usines ont une capacité de moins de deux tonnes par jour. Et notre biodiesel vient d'être classé meilleur du monde par l'Institut autrichien des biocarburants», assure le directeur, Pradipto Ghosh. En 2004, une Mercedes a d'ailleurs parcouru l'Inde sur près de 6 000 km avec du jatropha pur produit par CSMCRI.
Les voitures rouleront-elles un jour grâce à un jatropha transformé en rase campagne ? Pradipto Ghosh garde la tête froide. «Même en plantant des millions d'hectares, on ne dépassera pas les 10 % de jatropha dans le diesel», estime-t-il. Le vrai potentiel du jatropha, selon lui, est «dans le développement rural, au niveau local». Si la plante ne tenait pas ses promesses dans le domaine automobile, le raffinage artisanal de son huile permettra aux agriculteurs de faire tourner les générateurs dont ils se servent, notamment pour le pompage de l'eau. Certains les font d'ores et déjà carburer avec l'huile de graines cueillies au bord de leurs champs, pressées maison et introduites dans les réservoirs sans autre forme de raffinage. Au risque d'y perdre leurs moteurs et leur enthousiasme pour ce pétrole vert.
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